Histoire Naturelle des poissons

B.G.E. Lacépède

Table of Contents (ToC)

  1. Soixante-seizième genre. Les bostryches
  2. Cent septième genre. Les Ophicéphales

Soixante-seizième genre. Les bostryches

Le corps alongé et serpentiforme; deux nageoires dorsale; la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons à la mâchoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile.
Espèces Caractères
Le Bostryche chinois La couleur brune
Le Bostryche tachetè De très-petites taches vertes sur tout le corps

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Le Bostryche chinois

C'est dans les dessins chinois dont nous avons déja parlé, que nous avons trouvé la figure de ce bostryche, ainsi que celle du bostryche tacheté. Les barbillons que ces poissons ont à la mâchoire supérieure, et qui nous ont indiqué leur nom générique 1 , les distingueroient seuls des gobies , des gobioides, des gobiomores et des gobiomoroides, avec lesquels ils ont cependant beaucoup de rapports par leur conformation générale. Nous ne doutons pas que ces osseux n'aient des nageoires au-dessous du corps, et ne doivent étre compris parmi les thoracins, quoique la position dans laquelle ils sont représentés, ne permette pas de distinguer ces nageoires. Au reste, si de nouvelles observations apprenoient que les bostryches n'ont pas de nageoires inférieures, ils n'en devroient pas moins former un genre séparé des autres genres déja connus; il suffiroit de les retrancher de la colonne des thoracins, et de les porter sur celle des apodes. On les y rapprocheroit des murènes, dont il seroit néanmoins facile de les distinguer par la forme de leurs yeux et les dimensions ainsi que la position de leurs nageoires. Ajoutons que cette remarque relative à l'absence de nageoires inférieures et au déplacement qui en seroit le seul résultat, s'applique au genre des bostrychoides dont nous allons parler.

Le bostryche chinois est d'une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoire qui termine cette partie, une belle tache bleue, entourée d'un cercle jaune vers le corps, et rouge vers la nageoire. L'animal ne paroît revétu d'aucune écaille facile à voir. Sa tête est grosse; l'ouverture de sa bouche arrondie; l'opercule branchial d'une seule pièce; la première nageoire dorsale très-courte relativement à la seconde; celle de l'anus, semblable et presque, égale. à la première dorsale, se montre au-dessous de la seconde nageoire du dos; celle de la queue est lancéolée. Les mouvemens et les habitudes du bostryche chinois doivent ressembler beaucoup à ceux des murènes.

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Le Bostryche tacheté

Ce bostryche diffère du chinois par quelques unes de ses proportions, par plusieurs de ces traits vagues de conformation que l'oiel saisit et que la parole rend difficilement, et par led nuances ainsi que la disposition de ses couleurs. Il est, en effet, parsemé de très-petites taches vertes.

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Soixante-dix-septième genres: Les Bostrychoides

Le corps alongé et serpentiforme; une seule nageoire dorsale; celle de la queue séparé de celled du dos; deux barbillons à la nageoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile .
Espèces Caractères
Le Bostrychoide oillé La nageoire de l'anus basse et longue; celle du dos, basse et très-longue; une tache verte entourée d'un cerlce rouge, de chaque côté de l'extrémité de la queue.

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Le Bostrychoide oiellé

Ce poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Muséum d'histoire naturelle de France. Sa tête, son corps et sa queue sont couverts de petites écailles; sa tête et moins grosse que la partie antérieure du corps. Les nageoires pectorales sont petites et arrondies; celled de la queue est lancéolée. La couleur de l'animal est brune, aved des bandes transversales plus foncées, et un très-grand nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus grande, placeée dans un cercle rouge, et semblable à une prunelle entourée do son iris, parôit de chaque côté de l'extrémité de la queue. La condormation cénerale de ce poisson doit daire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a beaucoup de rapports avec les habitudes des murènes 1

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Cent septième genre. Les Ophicéphales

Point de dents incisives ni molaires; les opercules des branchies dénués de poquants et de dentelure; une seule nagoire dorsale; la tête aplatie, arrondie par-devan
Espèces Caractères
Le Bostryche chinois La couleur brune
Le Bostryche tachetè De très-petites taches vertes sur tout le corps

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L'Ophicéphale karruwey et l'Ophicéphale wrahl

Le naturaliste Bloch a fait cnnoître le premier ce genre de poissons , qui mérite l'attention des physiciens et par ses formes et par ses habitudes. Indépendamment de la conformation particulière de le tête, que nous venons de cécrire dans le tableau générique, et qui leur a fait donner par Bloch le nom d' ophicéphale , lequel veut dire têt de serpent , les osseux compris dans cette petite famille sont remarquabIes par Ia forme des écailles qui recouvrent leurs opercules, leur corps et leur queue. Ces écailles au lieu d'être ou lisses, ou rayonnées, ou relevées par une arête, sont parsemées, dans la portion de leur surface qui est découverte, de petits grains ou de petites élévations arrondies qui les rendent rudes au toucher. Les eaux des rivières et des lacs côte de Coromandel, et particulièrement du Tranquebar, nourrissent ces animaux; ils s'y tiennent dans la vase, et ils peuvent même s'enfoncér dans le limon d'autant plus profondément, que la pièce postérieure de chacun de leurs opercules est garnie inérieurement d'une sorte de lame osseuse, perpendiculaire à ce même opercule, et qui, en se rapprochant de la lame opposée, ne laisse pas de passage à la bourbe ou terre délayée et ne s'oppose pas cependant à l'entrée de l'eau nécessaire à la respiration de l'ophicéphale. Le côté concave des arcs branchies est d'ailleurs garni d'un grand nombre de petites élévations hérissées de pointes, et qui contribuent à arrêter le limon que l'eau entraîneroit dans la cavité branchiale, lorsque l'animal soulève ses opercules pour faire arriver auprès de ses organes respiratoires le fluide sans lequel il cesseroit de vivre.

On ne compte encore que deux espèces d'ophicéphales: karruwey , auquel nous avons conservé le nom que lui donnent les Tamules; et le wrahl , auquel nous avons cru devoir laisser la dénomination employee par les Malais Pour le désigner. Le premier de ces ophicéphales a l'ouverture de la bouche médiocre, les deux mâchoires aussi longues l'une que l'autre et garnies de dents petites et pointues, le palais rude, la langue lisse, l'orifice branchial assez large, la membrane branchiale cachée sous l'opercule le ventre court, la ligne latérale droite, le corps et la queue alongés, la caudale arrondie, la couleur g6eE;nérale d' blanc sale, l'extrémité des nageoires noire, et presque toute la surface parsemée de points noirs 2 . C'est un de ces poissons que l'on trouve dans les riviéres de la partie orientale de la presqu'isle de l'Inde, et particulièrement du Kaiveri, lorsque, vers le commencement de l'été et dans la saison des pluies, les eaux découlant abondamment des montagnes de Gate, les fleuves et les.lacs sont gonflés, et les campagnes arrosées ou inondées. Il présente communément une ongueur de deux ou trois décimétres, est recherché à cause de la salubrité et du bon goût de sa chair, se nourrit de racines d'algue, et fraie dans les lacs vers la fin du printemps, ou le milieu de l'été. Le missionnaire John avoit envoyé des renseignemens sur cette espèce à son ami Bloch, en lui faisant parvenir aussi un individu de l'espèce du wrahl .

Ce second ophicéphale a sa partie supérieure d'un verd noirâtre, sa partie inférieure d'un jaune blanchâtre , et ses bandes transversales jaunes et brunes. Il parvient quelquefois à la longueur de douze ou treize décimètres. Sa chair est agréable et saine; et comme ilse tient le plus souvent dans la vase, on ne cherche pas à le prendre avec des filets, mais avec des bires ou paniers d'osier, ronds , hauts de six ou sept décimètres, larges vers le bas de quarante-cinq ou cinquante centimètres, plus étroits vers le haut, et ouverts dans leur partie supérieure. On enfonce ces paniers en différens endroits plus ou moins limoneux; on sonde, pour ainsi dire; et le mouvement du poisson avertit ,de sa présence dans la bire le pêcheur attentif, qui s'empresse de passer son bras par l'orifice supérieur du panier, et de saisir l'ophicéphale 3 .

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Footnotes

1 In later editions of this book, it is hinted that this speciescould be Channa marulia (Hamilton-Buchanan, 1822) as in the new edition with classificatory notes by M. A.-G. Desmarest. Paris 1845. Desmarest claims Cuvier to be the originator of this parallel. We could not find any clues to it. But this can be a source for the claim, the C. marulia can also be found in China. [snakeheads.org]. Back

2 A la membrane branchiale du karruwey: 5 rayon; à chacune de ses pectorales: 16; à chaque thoracine: 6; à l'anales: 22; à la nageoire de la queue: 14. Back

3 A la membrane branchiale du karruwey: 5 rayon; à chacune de ses pectorales: 17; à chaque thoracine: 6; à l'anales: 26; à la nageoire de la queue: 17. Back

Acknowledgement and Source(s)

These chapters were originally published in: Histoire naturelle de poissons . Vol. 6, pp. 201-308. Paris, 1802 ("L'an X de la République").

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